P.P. in Lupus

Les morts avaient "débarqué" dans le port de la ville de Popstadt (j'y tiens). Les combats n'avaient pas tardé et le bon petit Pop n'était pas contre une entrée fracassante... On lui avait offert une toute nouvelle collection de jouets, une armée... Plusieurs armées étaient à l'attendre dans SA ville. Mais il n'était pas d'un naturel joueur aujourd'hui alors il délaissa ses propres troupes pour monter aussi vif qu'avant à travers les ombres vers les murs de la cité.
Lentement, l'ombre marcha le long des créneaux, entre les défenseurs et libérateurs de tous poils de la capitale de l'île. Quelques trainées de fumée situées à quelques lieux de là attirèrent son regard.

Tiens... Tiens... On dirait bien qu'on a des voisins...

Pacha Pop passa par dessus le mur et chutta jusqu'au sol où il s'enfonça à moitié. il se regarda bêtement un instant et s'applatit totalement. Il fila à travers la plaine en direction de ces fumées...
L'ombre entra dans le bourg et fila jusqu'à trouver l'un de ces pants de mur qui obscurcit toujours une petite ruelle... Là, il reprit forme "humaine"...

Le Seigneur Mort sortit et marcha en pleine rue, les mains dans les poches de pantalon admirant la vue qui lui était offerte.

Il semblait y avoir de l'agitation dans le village. Le Pop préféra prendre visage humain. Un crâne ambulant au milieu de la foule n'était pas ce qui avait de plus discret. Il reprit donc ses anciens traits grâce aux ombres. Des volutes noires et d'autres bleues apparurent un court instant autour de ses extrémités. Une importante part de son énergie en partie renouvellée allait être mise à contribution mais ressembler à un mortel avait un prix...
Un visage juvénile prit bientôt place au faciès cadavérique. Son teint était d'un gris tirant vers le bleu nuit. Un sourire enjoleur naquit sur les lèvres fines de l'homme qui, maintenant, marchait au milieu de la rue. La capuche couvrait néanmoins ce visage sans poils ni cheveux...
Des mains fines pour un homme prirent place sur ce qu'il lui restait d'appendices. Il contempla un instant la manifestation...
"Dieux, que cela fait du bien de sentir le pouvoir ainsi et de vaincre les années..."
Il sortit de sa rêverie pour écouter les potins de la bourgade. Il marchait tel n'importe quel autre habitant du lieu, sûr de sa destination mais n'hésitant pas à s'arrêter pour écouter quelques rassemblements devant des étals ou échoppes.

Puisque je vous le dis ! Une Déesse Elfique est apparue au centre du village et le chef l'a emmenée !... Vous auriez été là ! D'une beauté ! D'une splendeur ! Que dis-je ?! Je n'ai point les mots pour la décrire !...

Pour P.P., il semblait clair qu'ils n'avaient pas l'habitude de voir des elfes... "Que venait donc faire une Elfe dans pareil endroit ? Le plus sage n'aurait-il pas été de rejoindre Popstadt ?..."
Il passa au groupe suivant. La femme semblait attirer toute l'attention... Et, d'après ce qu'il comprit, les troupes se préparaient à subir un assaut à cause d'elle... "Ekarys, ne changeras-tu donc jamais ?"
Il aurait bien le temps de s'intéresser à cela plus tard. Pacha Pop, notre bon mort-vivant, arriva bientôt aux forges. Peut-être ce village abritait-il un artiste ?...

Le mort s'approcha du haut-fourneau. Le métallurgiste s'affarait sur un fer à cheval.

Salut l'ami. Je cherche un forgeron pour un travail un peu... Comment dire ? Spécial.

L'homme continua de marteler le métal chauffé au rouge et repondit.

Je suis forgeron, étranger. Je termine ceci et je suis à vous...

Les muscles du forgeron, un colosse à n'en point douter, jouaient sous le labeur. Il avait la peau tannée par la chaleur. Pacha Pop le regarda oeuvrer. Le travail de l'homme était d'une rare finition mais les outils du commun n'était pas ce qui intéressait notre "héros". Le forgeron appliqua bientôt le fer au sabot d'un cheval et l'y cloua.
Le mort était sorti quand l'homme finit de ferrer le cheval des quatre fers. Un jeune apprenti emmena l'animal à l'enclos et son maître sortit dans la rue rejoindre l'inconnu.

Alors que puis-je faire pour vous ?

J'ai là une lame qui aurait besoin de tout votre talent, maître de la forge.

Il sortit une ancienne lame de son fourreau placé à son flanc. P.P. la présenta par la garde et le forgeron la prit. Il l'étudia quelques instants. L'homme réfléchissait en parlant.

Je vois le souci... Votre lame semble bien usée mais quelque chose la maintient en état. En tout cas, juste assez pour ne pas que cela vous gêne en combat, je suppose ?... Vous me la laisseriez combien de temps ?... Ne dites rien. Je suis certain que vous me la laisserez le temps qu'il faudra...

Mais l'ombre de Pophistan avait déjà disparut pour errer ailleurs en ville... Le forgeron rentra à la forge, il aurait un long ouvrage à réaliser.

Il traina du côté une vieille bâtisse. L'endroit semblait plus vieux que l'île tant le temps avait fait son office. L'ami de la Mort entra. Nulle âme ne se promenait plus dans les rues... Chose qu'il trouva étrange mais qu'il se résoudrait à comprendre plus tard, il était tard mais point assez pour que plus aucune âme ne se trouve dans les rues...

L'endroit sentait le renfermé, bien que cela faisait longtemps que Pacha Pop ne sentait plus rien sauf quand il voulait connaître le parfum d'une femme auquel cas il usait de magie... Mais là n'est pas le propos... La pièce dans laquelle il avait échoué était remplie de bric-et-broc. Il y avait des pièces rares, objets venus de loin dans l'Empire et même des objets dont notre mort-vivant était certain de leur origine étrangère. Après quelques instants...

Il y a quelqu'un ?

Tout d'abord, personne ne lui répondit. Il commença alors à fouiller et chiner. Puis il entendit une voix fémine et tressautante venant du fond de la pièce...

Jeune homme... Je suis dans le fond. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu visite d'un seigneur.

Il se déplaça vers elle oubliant les objets et les livres qu'il pouvait avoir trouvé.

Il y a bien longtemps qu'on ne m'avait appelé jeune homme, vieille femme.

Vous pouvez m'appeler Kallendra, seigneur...

En ce cas, ce sera Bhaal pour vous et non seigneur ou Pacha Pop même s'il n'y a longtemps que plus personne ne l'use... Bon trève de civilités... Je recherche un casque ancien. Il a disparu de mes affaires il y a quelques temps et sur une autre île. J'aurais pensé que vous auriez pu le retrouver...

Seigneur... Elle hésita sous l'air du mort avant de reprendre Bhaal... Comment le pourrais-je ? Je ne suis qu'une pauvre vieille femme...

Ne me prenez pas pour le conseiller de l'usurpateur, il y a une limite à mon idiotie. J'ai vu...
Il se retourna en montrant les objets et livres...
Des objets venant d'ailleurs que l'Empire et dont certains du Calim dont je suis originaire que, si vous êtiez une "simple vieille femme", Kallendra, vous ne pourriez posséder. Ce casque ne m'est pas indispensable, je pourrais le remplacer chez le forgeron par un autre mais ma tête et surtout mon crâne s'y étaient habitués... Il y aura récompense.

Il sortit un vieux parchemin de sa cape et le donna à la femme qui l'étudia.

Je ferai ce que je puis.

Je n'en attends pas moins de vous, Kallendra.

Il se retourna et sortit comme n'importe quel mortel.

Le mort marchait de manière "je m'en fous de tout ce qui se passe autour de moi" c'est à dire comme quelqu'un qui réfléchit aux actes qu'il doit entreprendre et à leurs implications. Mais, notre Pop n'est pas du genre calculateur quant à ses actes et cherche plutôt le moyen de faire croire qu'il réfléchit...
Il ne fait qu'observer les maisons distraitement et cherche à détecter des âmes vitales de par les arts occultes. Cela se traduisait par des flammes bleutées à la place de ses yeux, seul un observateur attentif aurait pu les remarquer car elles ne reflètaient aucune luminosité et même l'absorbaient...
La progression lente de Pacha Pop l'amenait lentement vers le centre du village. Il détectait certes des traces de vie, animales, fongiques, végétales mais rares étaient celles d'humanoïdes et elles lui paraissaient si faibles qu'elles ne pouvaient se situer dans les maisons qui l'entourait.
Quel mal pouvait ronger cette ville de ses habitants ? Que pouvait-il se passer ?...
C'est alors qu'il réfléchissait aux implications de ses réfléxions qu'il reçut un choc. Un éclat dans la nuit. Une âme à nulle autre pareille... Aussi blanche que lui était sombre... Ses pas le conduisaient maintenant inlassablement vers cette source.

Le mort-vivant progressait plus lentement. D'autres âmes apparurent entre lui et sa cible. Il décida de se fondre dans les ombres. La nuit, ce n'était point un grand problème. D'autres fortes personnalités apparurent bientôt à son esprit. Il choisit de recouvrer une vision normale.
L'âme semblait se situer quelque part derrière un mur haut. Il le franchit.

L'humidité l'accueillit. Il se trouvait dans un jardin juste derrière un buisson. Ainsi, dans le noir, il ne reconnut pas tout de suite l'essence. Sans chercher à le contourner, il devina qu'il s'agissait d'une haie et qu'il devrait faire pratiquement le tour du jardin s'il ne voulait pas passer au travers.
Sous forme de fumée, il traversa le végétal et reprit sa forme de l'autre côté pour se retrouver sur un chemin formé de petits cailloux. L'endroit devait être magnifique de jour. De nombreuses plantes et du gazon ornait l'endroit.
Pacha Pop avançait sur le passage. Un petit cours d'eau ou une mare se trouvait surmonté d'un petit pont de bois. De l'autre côté, un banc où quelqu'un était assis. Sous les rayons de la lune, malgré son âge avancé, le mort reconnut des vêtements et une silhouette féminins...

La nuit était douce et apaisante. Une légère brise caressait la soie de ses longs cheveux blonds aux reflets argentés. Ocëannya aimait bien se retirer dans cette partie recluse du village, loin des brouhahas et des tavernes enfumées. Ce jardin lui apportait une paix intérieure, oubliant ses tracas quotidiens. La Nature offrait tant de splendides merveilles en ce bas monde.

L’Elfe s’exaltait des milles et un parfums dégagés par les fleurs environnantes. Fermant les yeux, elle savourait la mélodie lancinante du clapotis de l’eau, léchant les rochers érodés par le temps. Elle se sentait si bien…

Tirée de ses rêveries, ses délicates oreilles pointues se dressèrent. Ses yeux immensément bleus sous cette lune miroitante, scrutèrent les alentours. Elle sentait une présence étrangère. Avec rapidité, elle se leva et glissa une main sous un pan de sa robe légèrement diaphane, empoignant son coutelas. Son regard se posa sur une ombre non loin de là.

- Qui êtes-vous ? Que venez-vous faire par ici ?

Le mort s'avança sortant des ombres de la nuit pour apparaître tel qu'il était grâce à la magie.

Gente dame, je ne voulais point vous affoler. Je... Passais. Il semble que je me suis trompé en prenant à droite ou est-ce à gauche ?...

Pacha Pop faisait comme s'il cherchait sa route tout autour de lui. Les mains du cadavre ambulant ne portaient aucune arme.

Quel endroit calme et reposant n'est-il pas ? On dirait un vrai tombeau, l'odeur en moins peut-être et les plantes en plus...

Il continuait de blablater sans s'arrêter, son discours commençait à perdre cohérence allant de la nuit étoilée à la fraicheur de l'air...